mercredi 23 septembre 2009

extrait pathétique

[Victime des sévices d'un père alcoolique, la petite Lalie Bijard agonise sous l'œil navré de Gervaise.]
Gervaise, cependant, se retenait pour ne pas éclater en sanglots. Elle tendait les mains, avec le désir de soulager l'enfant; et, comme le lambeau de drap glissait, elle voulut le rabattre et arranger le lit. Alors, le pauvre petit corps de la mourante apparut. Ah ! Seigneur ! quelle misère et quelle pitié ! Les pierres auraient pleuré. Lalie était toute nue, un reste de camisole aux épaules en guise de chemise; oui, toute nue, et d'une nudité saignante et douloureuse de martyre. Elle n'avait plus de chair, les os trouaient la peau. Sur les côtes, de minces zébrures violettes descendaient jusqu'aux cuisses, les cinglements du fouet imprimés là tout vifs. Une tache livide cerclait le bras gauche, comme si la mâchoire d'un étau avait broyé ce membre si tendre, pas plus gros qu'une allumette. La jambe droite montrait une déchirure mal fermée, quelque mauvais coup rouvert chaque matin en trottant pour faire le ménage. Des pieds à la tête, elle n'était qu'un noir. Oh ! ce massacre de l'enfance, ces lourdes pattes d'homme écrasant cet amour de quiqui, cette abomination de tant de faiblesse râlant sous une pareille croix ! On adore dans les églises des saintes fouettées dont la nudité est moins pauvre.

extrait tragique

Mme de Tourvel vient d'avouer à son amie son amour pour Valmont et l'informe de son départ, décision à laquelle il lui est difficile de se soumettre.]
Je m'y soumettrai sans doute, il vaut mieux mourir que de vivre coupable. Déjà, je le sens, je ne le suis que trop; je n'ai sauvé que ma sagesse, la vertu s'est évanouie. Faut-il vous l'avouer, ce qui me reste encore, je le dois à sa générosité. Enivrée du plaisir de le voir, de l'entendre, de la douceur de le sentir auprès de moi, du bonheur plus grand de pouvoir faire le sien, j'étais sans puissance et sans force; à peine m'en restait-il pour combattre, je n'en avais plus pour résister; je frémissais de mon danger, sans pouvoir le fuir. Hé bien! il a vu ma peine, et il a eu pitié de moi. Comment ne le chérirais-je pas ? Je lui dois bien plus que la vie. Ah ! si en restant auprès de lui je n'avais à trembler que pour elle, ne croyez pas que jamais je consentisse à m'éloigner. Que m'est-elle sans lui, ne serais-je pas trop heureuse de la perdre ? Condamnée à faire éternellement son malheur et le mien; à n'oser ni me plaindre, ni le consoler; à me défendre chaque jour contre lui, contre moi-même; à mettre mes soins à causer sa peine, quand je voudrais les consacrer tous à son bonheur. Vivre ainsi n'est-ce pas mourir mille fois ? Voilà pourtant quel va être mon sort. Je le supporterai cependant, j'en aurai le courage. Ô vous, que je choisis pour ma mère, recevez-en le serment ! Recevez aussi celui que je fais de ne vous dérober aucune de mes actions; recevez-le, je vous en conjure; je vous le demande comme un secours dont j'ai besoin: ainsi, engagée à vous dire tout, je m'accoutumerai à me croire toujours en votre présence. Votre vertu remplacera la mienne. Jamais, sans doute, je ne consentirai à rougir à vos yeux; et retenue par ce frein puissant, tandis que je chérirai en vous l'indulgente amie, confidente de ma faiblesse, j'y honorerai encore l'Ange tutélaire qui me sauvera de la honte. C'est bien en éprouver assez que d'avoir à faire cette demande. Fatal effet d'une présomptueuse confiance! pourquoi n'ai-je pas redouté plus tôt ce penchant que j'ai senti naître? Pourquoi me suis-je flattée de pouvoir à mon gré le maîtriser ou le vaincre ? Insensée ! je connaissais bien peu l'amour ! Ah ! si je l'avais combattu avec plus de soin, peut-être eût-il pris moins d'empire! peut-être alors ce départ n'eût pas été nécessaire; ou même, en me soumettant à ce parti douloureux, j'aurais pu ne pas rompre entièrement une liaison qu'il eût suffi de rendre moins fréquente ! Mais tout perdre à la fois ! et pour jamais ! Ô mon amie !... Mais quoi ! même en vous écrivant, je m'égare encore dans des vœux criminels. Ah ! partons, partons, et que du moins ces torts involontaires soient expiés par mes sacrifices. Adieu, ma respectable amie; aimez-moi comme votre fille, adoptez-moi pour telle; et soyez sûre que, malgré ma faiblesse, j'aimerais mieux mourir que de me rendre indigne de votre choix.
De ..., ce 3 octobre 17**, à une heure du matin.

extrait fantastique

Un billet anonyme a prévenu qu'« un crime serait commis pendant la première messe du Jour des Morts ».]
Encore quatre minutes ! Les oraisons. Le dernier Évangile ! Et ce serait la sortie ! Et il n'y aurait pas eu de crime ! Car l'avertissement disait bien : la première messe...La preuve que c'était fini, c'est que le bedeau se levait, pénétrait dans la sacristie... La comtesse de Saint-Fiacre avait à nouveau la tête entre les mains. Elle ne bougeait pas. La plupart des autres vieilles étaient aussi rigides. « Ite missa est...»... « La messe est dite »... Alors seulement Maigret sentit combien il avait été angoissé. Il s'en était à peine rendu compte. Il poussa un involontaire soupir. Il attendit avec impatience la fin du dernier Évangile, en pensant qu'il allait respirer l'air frais du dehors, voir les gens s'agiter, les entendre parler de choses et d'autres... Les vieilles s'éveillaient toutes à la fois. Les pieds remuaient sur les froids carreaux bleus du temple. Une paysanne se dirigea vers la sortie, puis une autre. Le sacristain parut avec un éteignoir, et un filet de fumée bleue remplaça la flamme des bougies. Le jour était né. Une lumière grise pénétrait dans la nef en même temps que des courants d'air. Il restait trois personnes... Deux... Une chaise remuait... Il ne restait plus que la comtesse, et les nerfs de Maigret se crispèrent d'impatience... Le sacristain, qui avait terminé sa tâche, regarda Mme de Saint-Fiacre. Une hésitation passa sur son visage. Au même moment le commissaire s'avança. Ils furent deux tout près d'elle, à s'étonner de son immobilité, à chercher à voir le visage que cachaient les mains jointes. Maigret, impressionné, toucha l'épaule. Et le corps vacilla, comme si son équilibre n'eût tenu qu'à un rien, roula par terre, resta inerte. La comtesse de Saint-Fiacre était morte.

extrait épique

[Une étape du Tour de France 1964.]
C'est la journée de repos. Raymond Poulidor, comme les autres champions, roule, s'entraîne, teste les braquets sur les pentes environnantes. En guise d'entraînement, Jacques Anquetil, polo gris, pantalon gris et mèche blonde - mèche que l'on ne reverra plus jamais dans le peloton hormis au front d'Evgueni Berzin , l'enfant des loups - débarque au méchoui organisé dans la Principauté par Radio Monte Carlo. Cuissot, rognons, sangria : tout finit dans le buffet de Jacques. Le lendemain, dès les premiers lacets de l'interminable col d'Envalira et vexé par tant de désinvolture, le gratin des pentes - Raymond Poulidor, Federico Bahamontes et Julio Jimenez - place un terrible démarrage et s'envole. Anquetil monte, livide, avec cuissot, rognons et sangria. L'écart se creuse, atteint les quatre minutes, Poulidor peut s'emparer du maillot jaune. Au sommet, mort, raide, à la dérive, Anquetil avale un bidon de champagne, se jette à fond dans une descente rendue extrêmement dangereuse par l'épais brouillard, revient sur les échappés, distance Poulidor et gagne le Tour. Champagne ! Anquetil a tout gagné, sauf, peut-être, le cœur du public qui battait plus pour Raymond Poulidor que pour le Viking de Quincampoix. Parce que Raymond Poulidor, vainqueur de Milan-San Remo, restait, même couvert de fleurs, un petit paysan de la Creuse. Il était l'enfant de la France des villages, des épiceries et des cours de ferme, celle qui regarde passer le Tour, en encourageant, avec toujours plus de chaleur, le champion que la malchance accable. De plus, ces Français que la géographie à l'école ennuya, ont tous un faible pour les champions qui règnent sur les paysages démesurés, affrontent la nature en colère, les éléments déchaînés. Un faible pour Charly Gaul dans la neige de Monte Bondone, sous la pluie mitraillant son corps d'ange dans les grands cols de la Chartreuse. Un faible pour Federico Bahamontes dans la fournaise d'Aubisque, seul et devant sous le soleil meurtrier du Litor. Jacques Anquetil, lui, le chronomaître, ne se bat que contre un ruban de route maigre comme Don Quichotte. Le paysage ne compte pas. Il n'est le tremplin d'aucun rêve, un lieu lisse qui fait d'Anquetil un champion abstrait. Abstrait ? Non, éolien ! Anquetil se bat contre Éole, affronte ses légions de verre et de ouate. Et sa froideur apparente est celle d'une lame de couteau. Regardons-le, splendide, sur son Helyett, son drakkar vert. C'est une sagaie, une flèche, la tête blonde d'une fusée perforant la bidoche invisible du vent.

extrait lyrique

L'automne , de Lamartine
Salut, bois couronnés d'un reste de verdure,
Feuillages jaunissants sur les gazons épars!
Salut, derniers beaux jours! le deuil de la nature
Convient à la douleur et plaît à mes regards.
Je suis d'un pas rêveur le sentier solitaire;
J'aime à revoir encor, pour la dernière fois,
Ce soleil pâlissant, dont la faible lumière
Perce à peine à mes pieds l'obscurité des bois.
Oui, dans ces jours d'automne où la nature expire,
A ses regards voilés je trouve plus d'attraits;
C'est l'adieu d'un ami, c'est le dernier sourire
Des lèvres que la mort va fermer pour jamais.
Ainsi, prêt à quitter l'horizon de la vie,
Pleurant de mes longs jours l'espoir évanoui,
Je me retourne encore, et d'un regard d'envie
Je contemple ses biens dont je n'ai pas joui.

extrait lyrique

L'automne , de Lamartine
Salut, bois couronnés d'un reste de verdure,Feuillages jaunissants sur les gazons épars!Salut, derniers beaux jours! le deuil de la natureConvient à la douleur et plaît à mes regards.Je suis d'un pas rêveur le sentier solitaire;J'aime à revoir encor, pour la dernière fois,Ce soleil pâlissant, dont la faible lumièrePerce à peine à mes pieds l'obscurité des bois.Oui, dans ces jours d'automne où la nature expire,A ses regards voilés je trouve plus d'attraits;C'est l'adieu d'un ami, c'est le dernier sourireDes lèvres que la mort va fermer pour jamais.Ainsi, prêt à quitter l'horizon de la vie,Pleurant de mes longs jours l'espoir évanoui,Je me retourne encore, et d'un regard d'envieJe contemple ses biens dont je n'ai pas joui.

les tonalités

Les différentes tonalités :

Tonalité

Lyrique : description exagéree d'embellir une situation, on general se sont des lieux magique, ou il y a la nature. Ce sont des textes sur l'amour.

Epique : il y a un héros, exagération. c'est de plus en plus fort. On y trouve des hyperboles.


Pathétique : le but est de faire pleurer, d'émouvoir le publique. On utilise des hyperboles, des images fortes. Les personnages sont présentés comme des victimes. En général, les champs lexicaux employés sont la mort, la vieillesse, la souffrance, la misere.

Tragique : on vise la peur et la pitié. souvent lié au genre théâtrale. le héro est souvent poussé a l'échec soit par le malheur ou par la mort. Mis en valeur par les champs lexicaux suivants : la faute, la nessecité, l'amour et la mort.

Fantastique : cette tonalité a pour but de faire évader le lecteur en lui créant un monde merveilleux. soit en le laissant rêver soit en faisant allusion a la réalité en introduisant des personnages et des choses fictives.

Humoristique : Il donne une dimension comique à un sujet sérieux en dévoilant ses aspects surprenants.